Je venais d'arriver à l'université. J'avais demandé à Krystal, ma meilleure amie déjanté de m'y accompagner. Pas que je n'avais pas les moyens de venir à l'école par mes propres moyens, j'étais juste dans l'incapacité totale de me déplacer sans aide. J'avais l'impression d'être de nouveau un gamin à devoir dépendre de quelqu'un. Jusqu'à maintenant, malgré ma famille adoptive qui m'épaulait je m'étais toujours débrouillé seul. Pour mon permis, pour mes études, pour ma voiture, pour mon essence, mon appartement et toutes les autres choses que j'avais dut acheter. Je travaillais en dehors des cours dans un Starbucks depuis 1 an environ. Même si j'avais accumulé pas mal de petits boulots avant celui-là. J'avais horreur de demander de l'argent, je n'avais pas envie d'être un assisté ou quelque chose de similaire. J'avais toujours mis un mot d'ordre à me débrouiller seul pour vivre. C'est ce que j'avais toujours dut faire, les habitudes ont la vie tenace.

Je déambulais dans les couloirs avec mes béquilles, produisant ce son typique de la barre de fer tapant sur le carrelage. Ce son désagréable qui m'agressait les oreilles depuis l'accident. Bordel, j'avais seulement envie de me débarrasser de ces merdes et de marcher normalement sans boiter comme un pirate avec une jambe de bois. Les gens s'écartaient autour de moi. Place place, Toutankhamon fait son entrée dans le bahut. Je levais les yeux au ciel face à mes pensées ridicule. Ou alors ils avaient peur que je m'en serve comme d'une arme vu la tête que je faisais. Ce n'était d'ailleurs peut-être pas une mauvaise idée. C'était même une très bonne idée. Histoire de refaire le portrait des pimbêches populaire qui se baladait vêtu d'un mouchoir de poche. Bien, je suppose qu'il faut son lot d'actrices pornographiques dans tout établissement scolaire qui se respecte.

J'arrivais avec 10 minutes de retard jusqu'à mon casier. C'est pas comme si j'étais Speedy Gonzales aujourd'hui. J'étais même très loin de lui. Je posais mon sac au sol d'un mouvement d'épaule, levant ma jambe momifié par pur réflexe. Sans ça j'allais sûrement finir par terre. Je m'étais suffisamment sentit gêné ce matin quand Krystal avait dut m'aider à enfiler mon jean. Pas que j'avais honte de mon corps ou quoi, bien que je cachais toujours les marques de mon passé mais c'était simplement horrible de se rabaisser à ce genre de truc. J'avais toujours mis mon pantalon tout seul dès que j'en avait était capable. Merde, je revenais au moins 20 ans en arrière. Je posais mon autre béquille contre le casier à côté du miens, puis fit mon code et l'ouvrit sans difficulté. Premier étape validé. Maintenant j'étais face à un dilemme. C'était bien jolie de poser son sac par terre mais je ne savais absolument pas comment j'étais susceptible de pouvoir tenir sur une jambe tout en restant suffisamment équilibré pour pouvoir me pencher, l'attraper sans me torcher et revenir en position initiale. Deuxième étape compromise. Je claquais mon front contre le métal en fermant les yeux. J'allais devoir demander de l'aide, encore une fois, en 1 heure d'intervalle. Journée maudite.