Un café, un café. C'était urgent. June avait cru toute la journée qu'elle allait s'endormir sur ses feuilles de texte. Elle avait même adopté la technique de la micro sieste, et se surprenait elle-même à rêver éveillée, puis à s'endormir réellement avant de n'être réveillée par sa propre tête qui menaçait de s'effondrer sur la table. En sortant de cours, elle se dirigea donc automatiquement vers le starbuck, où elle passait d'ailleurs très régulièrement ces derniers temps. Outre leur café, c'était surtout l'ambiance qu'ils dégageaient qu'elle appréciait. Elle ne savait dire pourquoi, mais elle trouvait étonnement l'endroit assez chaleureux, surtout lorsque le temps se rafraîchissait ou que la nuit tombait, comme si un véritable foyer était mis en place à l'intérieur. D'ailleurs, on y croisait souvent des personnes que l'on connaissait. C'était peut-être ça aussi qu'elle recherchait; de la compagnie. Elle s'ennuyait chez elle, clairement, elle zappait sans conviction, chantait faux pendant trois quart d'heures, puis essayait désespérément de trouver quelque chose à faire sur internet. Récemment elle en avait été réduite à jouer au démineur. Paroxysme de la dépression? Bref, elle était mieux au starbuck du coin.

En entrant, elle demanda finalement un chocolat chaud. Pour changer. Et puis parce qu'elle avait eu un peu frais en rentrant; elle refusait de mettre des pantalons et des vestes avant novembre. Elle aimait trop l'été pour renoncer aux t-shirts. Dans la journée ça allait, mais le soir, il faisait un peu moins chaud... Bref, elle préférait boire un chocolat chaud. Une fois son gobelet dans la main, elle se retourna en quête d'une place. Elle balaya la salle du regard, lorsqu'elle aperçut un visage familier... Celui de Phoenix. Aussitôt, un grand sourire vint se poser sur ses lèvres, sans même qu'elle s'en rende compte. Elle oubliait ses problèmes lorsqu'elle était avec lui, elle avait l'impression d'aller mieux, que finalement rien n'était grave, qu'il fallait arrêter de se prendre la tête... il avait cette capacité étrange de l'aider à retrouver foi en l'avenir, et en ces petits instants de bonheur qui pouvaient ponctuer le quotidien. C'est d'un pas décidé qu'elle se dirigea vers lui. Il était seul, et elle entreprit de lui demander si elle pouvait au moins prendre place à ses côtés. « Nixou! qu'est ce que tu fais là? ça va? Dis, je peux m'asseoir ou tu attends quelqu'un? » Nixou... elle l'appelait tout le temps comme ça. Elle trouvait ça adorable. Lui il n'aimait peut-être pas cela dit... mais elle ne pouvait s'empêcher de donner des surnoms à tout le monde. Surtout aux personnes qu'elle appréciait.

« Combien de fois devrais je te le dire ? Ce surnom me fait penser à un chiot !! Je ne suis pas ton chiot si ? » La jeune femme pencha la tête, adoptant une tête coupable et lui faisant les yeux doux, comme pour qu'il accepte qu'elle l'appelle comme ça. Bon effectivement, s'il considérait qu'on aurait dit un chiot, ce n'était peut-être pas une bonne idée... « Roh mais non, même si je t'imagine très bien en petit chiot... D'accord je vais essayer de me retenir. Mais c'est tellement mignon comme surnom, ça te va trop bien, ça va être difficile! » affirma-t-elle, faisant mine d'essayer de se raisonner. De toute façon elle aurait vite fait de lui trouver un nouveau surnom... qui lui ferait regretter Nixou, peut-être...

Le jeune homme lui fit un bisou sur la joue, et c'est en souriant que la brunette s'assit en face de lui, puisqu'il était un "vieux loup solitaire". Elle ne put s'empêcher de rire à cette remarque, quoi qu'elle ne comprenait pas pourquoi il n'avait pas de petite amie. Enfin de ce qu'elle en savait. C'était vraiment un garçon adorable, loin d'être un vieux loup comme il le disait. Quand on apprenait à le connaître en tout cas, on voyait rapidement que c'était un chouette gars. Mais pour entrer dans son jeu, miss Evans leva les yeux au ciel. « ah oui c'est vrai j'avais oublié... » Elle le regarda alors mettre ses doigts sur la vitre, relativement fraîche désormais. En fait, June aimait les opposés; le soleil et la neige. Mais entre les deux, elle n'était vraiment pas fan des journées de mauvais temps -sans pour autant qu'il pleuve- où elle devait marcher à pieds dans le froid. Ceci dit une fois dans le starbuck, il était presque agréable de se dire que dehors il ne faisait pas chaud. « Je sais que tu adores l'été mais moi ce froid me rend heureux. » Il était mignon. C'était con, comme réflexion, de se dire qu'elle le trouvait "mignon"... c'était enfantin, inapproprié, pourtant même si elle ne savait expliquer pourquoi, la brunette le trouvait attendrissant, dans tout ce qu'il faisait. C'était une des rares personnes avec qui elle était en entière confiance. « J'aime pas l'automne. Vivement noël! j'espère qu'il va neiger! » elle avait dit ça avec un air de gamine émerveillée, qui n'avait jamais vu la neige. En même temps en Californie, ce n'était pas tous les ans qu'elle y avait droit... « Et de ton côté comment ça va ? » Elle haussa une épaule, regardant le chocolat chaud qu'elle tenait dans les mains. Elle en but une gorgée avant de répondre. « ça va, je suis un peu fatiguée mais bon... Comme tout le monde je suppose! » elle ne pouvait pas dire que tout allait pour le mieux, ça aurait été mentir, mais elle ne voulait pas non plus s'étaler sur ses problèmes, elle préférait largement passer un bon moment avec lui. « alors qu'est ce que tu racontes de beau? »

June n'avait jamais été du genre à s’apitoyer sur son sort; ça la mettait mal à l'aise. Elle avait l'impression que les gens pouvaient se nourrir de ses peurs, comme ces monstres dans Harry Potter. Stupide n'est-ce pas? elle ne devait plus vraiment faire confiance au genre humain. En l'occurrence, elle préférait ne pas donner d'éléments à ses ennemis, et ne pas ennuyer ses amis. C'est ainsi qu'en général elle préférait simplement prendre sur elle tant qu'elle y parvenait. « Oui sans doute ... » La jeune femme lui sourit, comme pour le rassurer, lui faire savoir qu'elle en était encore capable. Elle l'interrogea alors sur sa vie actuelle, s'intéressant vraiment à tout ce qu'il pouvait lui raconter -et pas seulement parce qu'elle était curieuse, mais bien parce qu'elle l'appréciait. « Eh bien tu sais la routine. Les cours ont repris mais je trouve qu'il y a une ambiance vraiment glauque à l'université ...» June baissa les yeux. Elle ne put qu’acquiescer, dans un sourire navré. Il avait raison, c'était étrange en ce moment. Plusieurs fois dans les couloirs June avait croisé des gens en pleurs. Quand tout le monde souriait, on aurait quand même dit qu'ils parlaient moins fort, comme si on était dans une bibliothèque, ou plutôt comme s'ils ne voulaient pas briser un silence devenu presque sacré. Il avait raison, c'était le mot: "glauque". « Excuse moi, je ne veux pas te rappeler de sales souvenirs ... Je pense que les gens n'ont pas encore tourné la page ... » Elle releva le regard vers lui, qui venait justement de baisser les yeux. Elle ne lui en voulait absolument pas, elle ne voulait pas que les gens se taisent à propos de ce qu'il s'était passé. Finalement c'était peut-être ça qui rendait les choses si glauques à l'université. C'était grave et tout le monde le réalisait -un peu trop- au point d'opter pour une mine assortie à l'ambiance morose. « t'inquiète pas, c'est rien... enfin c'est pas rien, c'est difficile mais j'essaye pas d'oublier, ça sert à rien. il faut juste vivre avec...» Elle ne savait pas vraiment comment formuler ses propres phrases, elle ne savait seulement pas ce qu'elle voulait dire. C'était parfois trop compliqué de parler. « ce qui est normal je suppose. » « ouais c'est sûr... ça prendra sûrement du temps. Pour tout le monde, j'veux dire. » Elle n'était pas un cas à part, elle le savait, malheureusement d'autres personnes avaient souffert d'une manière ou d'une autre. ça pouvait sembler anodin en soit, quelques victimes, des cas isolés, pas mal de blessés et une vie qui devait reprendre son cours... pourtant rares étaient les personnes qui n'avaient subi aucun trouble de près ou de loin à cause de cette incendie. Heureusement, les nouveaux venus continuaient d'affluer; ils permettaient de se sentir un peu mieux, eux au moins ils souriaient. « Mais je suis persuadée que ce n'est qu'une question de temps; l'ambiance va vite redevenir comme avant j'en suis certaine! » les gens garderaient des cicatrices, c'était certain. Mais cela n'empêchait pas qu'à nouveau tout le monde puisse s'amuser, se faire des amis et continuer à avoir une vie décente. Pour l'instant c'était certainement trop récent pour l'entrevoir. Mais bientôt tout le monde irait à nouveau de l'avant...

[désolée j'ai pas pu te répondre cette semaine j'avais trop de boulot ]