Stella a 22 ans et elle n'a jamais été le genre de filles qui sort le soir juste pour pour boire et devenir saoule. Elle déteste d'ailleurs tout ça. Elle a du mal à s'amuser, c'est une évidence, mais lorsque l'on connait sa vie, c'est compréhensible. Toujours est-il que depuis qu'elle a déménagé pour les États-Unis, miss M. apprend tout doucement à se créer un nouveau monde. Elle dit elle-même que tout a changé depuis qu'elle vit à Los Angeles. Cela fait maintenant quatre ans qu'elle a laissé sa famille derrière elle pour vivre sa vie et tout oublier de sa vie d'avant, mais tout est toujours pareil, ou tout du moins, tout la ramène toujours à ses racines.

Aujourd'hui, la jeune femme a décidé de sortir faire un tour, histoire de penser à autre chose qu'à la discussion qu'elle a eu avec Jason l'autre jour. Elle n'arrive pas à se l'enlever de la tête. Ils sont ensemble, c'est une évidence et les paroles du jeune homme l'ont profondément touchée. Ils se sont avoués leur amour, même si ça n'a pas été facile pour Stella. Et depuis, rien n'a réellement changé. Après avoir balbutier ces trois mots, les trois mots que chaque petit ami rêve d'entendre, Stella avait fui les toilettes pour se réfugier dans sa voiture et partir directement chez elle. Depuis, elle n'avait pas téléphoner à Jason, elle n'avait pas eu de nouvelle et elle commençait vraiment à ressentir l'absence du jeune homme cruellement. Mais elle ne se voyait pas lui téléphoner en ne sachant pas quoi lui dire. Dans l'absolu, elle savait quoi lui dire, mais une fois au téléphone, les mots ne seraient pas sortis comme il le fallait. Elle aurait tout aussi bien pu donner rendez-vous à son petit ami dans un endroit reculé ou non, mais elle n'en avait pas eu le courage. Alors maintenant, elle s'en voulait d'avoir réagi de la sorte. Elle ne savait pas ce que Jason en pensait et elle s'imaginait tout un tas de choses sur le sujet. Elle pouvait tout à fait comprendre qu'il ne veuille plus la revoir. C'est vrai, quelle fille « normale » fuirait après avoir avoué ses sentiments à son petit ami ? Stella l'a fait et elle ne cesse de s'en vouloir depuis. C'est pourquoi elle avait besoin de prendre l'air, de cesser de se prendre la tête à tenter de faire de beaux clichés alors que la motivation n'y était pas. La photographie est l'exutoire de la jeune femme. Lorsque quelque chose ne va pas, il suffit à miss M. de prendre son appareil photo pour tout de suite se sentir mieux. Mais cette fois-ci, rien n'y faisait, pas même son appareil photos. Malgré tout, Stella décida de le prendre pour aller se promener sur le port. On ne sait jamais, si l'inspiration lui revient en chemin, pourquoi pas ?
Elle arriva donc à l'endroit souhaité quelques minutes après avoir quitté son appartement. Elle portait son appareil en bandoulière, bien au chaud dans son étui préposé à cet effet. Stella ne sortait jamais non plus sans son téléphone portable. C'est pourquoi elle vérifia d'un geste furtif qu'elle l'avait bien mis dans sa poche droit de jean.

Elle marchait, se promenait doucement sur le port. Mais ses pensées étaient toutes pour Jason. Malgré tout, elle n'arrivait pas à se l'enlever de la tête. Le jeune homme était son premier petit ami et donc la première relation de miss M. Mais elle avait tout gâché, une fois de plus. Elle détestait être attachée aux gens. Elle avait tellement peur que l'histoire se répète une fois encore... Elle a perdu son père bien trop tôt et depuis, elle a peur de s'attacher à quiconque. Elle pense que si elle s'attache trop à quelqu'un, elle finira forcément par le perdre un jour ou l'autre, et la douleur sera telle qu'elle ne pourra pas la surmonter. La blessure qu'a laissé son père en partant ne s'est jamais refermée et Stella ne peut même pas imaginer vivre ça une seconde fois, que ce soit avec Jason ou quelqu'un d'autre. C'est peut-être exagéré, mais c'est réellement ce que ressent la jeune femme.
Toujours est-il qu'en marchant le long du port, la jeune blonde commença à prendre des photos des beaux bateaux étant présents quand son regard fut attiré par quelque chose ou plutôt quelqu'un... Et encore une fois, elle ne savait pas comment réagir... C'est pourquoi elle resta plantée là, à ne pas savoir quoi faire, à ne pas savoir quoi dire... Elle se sentait idiote et puérile à la fois mais ça ne changeait rien au fait qu'elle ne pouvait rien faire de son corps... Alors lorsque la personne en question s'approcha d'elle, elle ne put tout de même s'empêcher de dire : « Salut... » Jason la regarda et Stella ne sut quoi dire d'autre. Elle avait peur de la réaction du jeune homme, elle avait peur que la tournure des choses soit ce à quoi elle pensait depuis des jours...

Alors c'était ça, l'amour? Aussi simple que ça? Aussi simple que son sourire, aussi simple que cinq petites lettres composants son doux prénom: Stella. Hamilton amoureux... on aurait tout vu. C'était une évidence, il n'était pas capable d'aimer. Il n'avait jamais essayé, en fait, et partait du principe que c'était plus un divertissement qu'autre chose, mais aujourd'hui cupidon prenait un malin plaisir à se servir de lui comme d'une malheureuse cible, désormais à la merci de ce sentiment qui s’accroissait en lui. Alors en voyant peu à peu qu'il se laissait submerger par cette émotion, il s'était juré à mi-mot que personne ne serait jamais au courant. Il avait décidé d'étouffer cette germe d'amour qui grandissait en lui pour éviter d'en souffrir, puisqu'il était évident que Stella ne voulait pas d'une véritable relation et des sentiments que celle-ci impliquerait inévitablement. Le problème, c'est qu'il n'avait pas été à la hauteur de ses attentes, et n'avait su se retenir de faire part de ce qu'il ressentait à LA personne qui ne devait pas être au courant, à savoir Stella. C'était absurde, non? Il considérait que sur cette terre la seule personne qui devait ne pas savoir qu'il était amoureux était précisément celle pour qui il éprouvait de tels sentiments... lui-même trouvait ça paradoxale, néanmoins c'était la manière dont il voyait les choses. Il savait bien qu'elle n'avait pas envie de tout ça, et à vrai dire il avait peur de lui faire du mal. Elle lui semblait si parfaite, si fragile, il avait l'impression qu'il devait tout faire pour la protéger, et que lui avouer qu'il l'aimait était presque comme une trahison. Dans le genre compliqué, il avait conscience que sa relation avec la jeune femme atteignait des sommets.

Histoire de se changer les idées, Jason pensa d'abord à aller à la plage, mais l'idée de touristes avachis sur le sable et prenant toute la place ne l'enchanta guerre, et c'est pourquoi il opta finalement pour une balade sur le port. Attrapant son portable et ses clefs, il sortit de chez lui et commença à marcher. Son baladeur sur les oreilles, il chantonnait lorsqu'il n'y avait personne à l'horizon -ce qui n'arrivait pas souvent sur un trottoir de Los Angeles- et avançait avec une volonté à toute épreuve. Il repensait toujours à la même chose: lorsqu'il avait dit à Stella ce qu'il ressentait, il avait d'abord pensé avoir fait un énorme progrès puisqu'elle lui confia ressentir la même chose. Pourtant quelques minutes plus tard elle était partie, sans rien dire, et depuis il n'avait plus eu de nouvelles. Il ne savait même pas où elle était, à cet instant, ils devaient plus ou moins consciemment s'éviter, tous les deux, parce qu'ils ne s'étaient seulement plus croisés dans les couloirs.

Mais il paraît que le hasard fait bien les choses, non? Et aujourd'hui encore, il le prouvait. Stella se tenait là, sur le quai, et en la voyant Jason s'arrêta brutalement de marcher. Il venait d'accéder au port, et avant même de ne voir quelque bateau que ce soit, il apercevait la blondinette. Reprenant sa respiration, il songea à faire demi tour et partir en courant, ou à passer devant elle sans rien dire en espérant qu'elle soit trop occupée à regarder la mer pour le voir, mais il était trop tard, elle regardait dans sa direction. Et après tout ce n'était pas si mal que ça... il fallait bien qu'ils affrontent la situation, laisser les choses s'envenimer n'allait strictement rien arranger. Alors qu'il s'approchait d'elle, il l'entendit alors lui dire doucement: « Salut... » Il attendit d'être à sa hauteur, et s'adossa ensuite au petit muret qui bordait l'océan. Il avait arrêté et rangé son baladeur en venant jusqu'à elle, et maintenant il mettait les mains dans ses poches et regardant le sol. « Salut. » répondit-il -un peu trop- simplement. Il resta ainsi silencieux quelques instants, puis reprit. « ça va? ça fait longtemps que je t'ai pas vue. » En l'occurrence la notion de longtemps était tout ce qu'il y a de plus relatif puisque cela ne faisait que quelques jours, mais le principe était toujours le même, avant cette sorte de dispute qui n'en était pas du tout une, ils se voyaient plus souvent que ça, et dans tous les cas ils ne s'évitaient pas de la sorte et savaient comment allait l'autre, c'était tout ce qu'il y avait à comprendre dans la nuance d'interprétation que suggérait ce mot. La réponse l'intéressait réellement, ne serait-ce que parce que lui se sentait réellement mal, depuis qu'elle était partie...

Contre toute attente, Jason répondit calmement à Stella. La jeune femme fut soulagée de cette attitude. Cependant, sa seconde réponse ennuya quelque peu miss M. Elle savait pertinemment que Jason avait raison. Cela faisait des jours qu’ils ne s’étaient pas vus et rien qu’à cette idée, Stella en eut des frissons. Elle déteste ne pas pouvoir parler avec lui, ne serait-ce que pour lui raconter sa journée. La jeune blonde a toujours eu du mal à se confier et Jason est une des rares personnes, autant dire le seul garçon, à avoir réussi à percer la carapace de la jeune femme. Alors cette absence a fait très mal à Stella, même si c’était sa faute et non celle de Jason. Alors pour répondre à mister Hamilton, Stella dut faire des efforts inconsidérés pour ne pas fuir à toutes jambes. C’est alors qu’elle lui répondit donc : « Ca va oui… Et toi ? » Elle inspira un peu d’air avant d’ajouter : « Et j’ai été un peu… Occupée ces derniers temps donc… Enfin, c’est pourquoi on s’est raté ces derniers jours… » Il faut bien reconnaître que Stella mentait. Elle méprisait le mensonge au plus haut point. Et elle en arrivait à l’utiliser. Ne voulant pas montrer à quel point l’absence du jeune homme la touchait. Elle ne savait d’ailleurs pas quoi dire à ce sujet. Elle savait que c’était sa faute si ils en étaient là tous les deux et elle voulait arranger les choses. Et une chose qu’elle ne souhaitait surtout pas : que le jeune homme se trouve une autre fille avec qui sortir. Stella détestait se l’avouer, mais elle était amoureuse de Jason. Elle n’aime pas décrire ses sentiments et encore moins les avouer à qui que ce soit. Et quand il s’agit de se les avouer à elle-même, n’en parlons même pas !
Toujours est-il qu’elle ne souhaitait aucunement le départ du jeune homme. Elle ne voulait pas que par sa faute, leur histoire se termine de la sorte. Mais il faut bien dire ce qui est, les choses n’en seraient pas là si Stella n’avait pas décidé de fuir l’autre jour des toilettes. Et même si maintenant elle s’en mord les doigts, elle ne sait pas plus comment arranger les choses entre elle et son amoureux. Si elle peut qualifier Jason d’amoureux. Il est certain qu’elle l’aime. Bien plus qu’en simple ami. Jason est d’ailleurs le premier garçon que Stella aime de cette manière. Il est aussi son premier petit ami, même si leur relation était loin d’être conventionnelle. Vivre cachés comme ils le faisaient, était une décision commune, mais c’est aussi à cause de ça que les deux jeunes gens en sont là aujourd’hui. Et Stella ne pourra pas cacher ses sentiments bien longtemps. Il suffit qu’une autre fille s’approche de trop près de Jason, pour qu’elle commence à se faire des films inutilement. Et elle doit réprimer ses envies de ne pas hurler ou encore de ne pas tout avouer à Jason car malgré tout, elle a peur de sa réaction quant à cela. Et elle s’est toujours dit qu’elle n’avait pas le droit de lui avouer ses sentiments de jalousie, car si ils se cachaient de tout le monde, c’était justement pour ne pas attirer l’attention sur eux. Enfin, c’est difficile à comprendre, et ce, même en considérant que le raisonnement de Stella Esperanza Madisson ait toujours été très complexe et complètement illogique. Pour être plus claire, Stella ne s’autorisait pas à avouer ce qu’elle ressentait à Jason du fait que leur relation restait officieuse.
Alors à en arriver à un tel point juste parce qu’elle a fui les toilettes, Stella s’en voulait et elle ne savait pas comment tout expliquer sans forcément passer par la « case » sentiments. Mais il allait pourtant bien falloir y passer, il en était impossible autrement.
En attendant, miss M. attendait la réponse de celui pour qui elle se mettait la tête à l’envers. Elle appréhendait la suite des évènements. Elle en était arrivée à un stade de sa vie où elle n’imaginait pas vivre sans Jason. Elle a aujourd’hui 22 ans, presque 23 et l’amour ne frappe qu’une seule fois dans une vie. C’est tout du moins ce que pensait la jeune femme et elle ne voulait pas perdre Jason. Leur relation, si compliquée soit elle, était la meilleure partie de la vie de miss M. et elle ne voulait surtout pas la perdre…

Rester calme... c'était l'objectif que s'était fixé Jason pour le moment. Le fait est qu'il ne voulait pas perdre Stella, et il savait pertinemment qu'en lui posant un ultimatum, ou en commençant à s'énerver où la questionner trop brutalement, elle finirait par prendre peur. C'est pourquoi il se contenta de souligner que cela faisait trop longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus, tous les deux. Il lui demanda donc comment elle allait, apprenant par la suite que ça allait. Il acquiesça, et répondit à son tour à cette question qu'elle lui avait retournée « ça va aussi. » Affirma-t-il. En fait ça n'allait pas. Ils se parlaient presque comme des étrangers, gênés. Ils se mentaient pour éviter d'affronter leurs sentiments respectifs, et ça Jason avait du mal à le supporter. Il n'en voulait pas à Stella, il s'en voulait à lui, il espérait au fond ne pas avoir à lui avouer ce qu'il ressentait. C'était comme s'il préférait rester dans cette situation plutôt que de n'avoir à prononcer les trois mots fatidiques. Et pour cette raison, il se considérait comme stupide. « Et j’ai été un peu… Occupée ces derniers temps donc… Enfin, c’est pourquoi on s’est raté ces derniers jours… » Tournant le regard vers Stella, Jay arqua un sourcil avant de n'acquiescer de nouveau. « Oh oui, je vois. » Si ces mots pouvaient paraître froids, Jason ne les avait pas prononcé d'une manière désagréable. Non, il était neutre. Le problème, c'est qu'il savait pertinemment que Stella mentait. Enfin elle avait peut être réellement été occupée ces derniers temps, soit, mais dans tous les cas elle avait plus ou moins choisi de ne pas le voir, elle l'évitait, il l'avait bien vu, mais encore une fois il n'osait pas lui poser la question, de peur de n'avoir à lui décrire ce qu'il ressentait, alors que lui-même n'en avait aucune idée.
Tout ce qu'il savait, c'est que lorsqu'elle était partie, l'autre jour, juste après qu'il ait tenté de lui dire qu'il l'aimait, il avait souffert. En temps normal, il en aurait simplement pris un coup à l'orgueil, lui qui avait tendance à plaire aux filles, mais là c'était bien plus important qu'une futile question de fierté. Il avait pris un coup au cœur. Il s'était maudit d'avoir dit ça, et se questionnait en même temps sur la manière d'agir, puisqu'il voulait prouver à la blondinette qu'il l'aimait, sans pour autant la brusquer. Ils avaient peut être tout faux, sur le manière d'être ensemble sans se montrer, sur leurs sentiments présents qu'ils ne s'avouaient pas, sur toute la ligne... mais là encore, il fallait qu'ils aient une discussion pour s'en rendre compte, et tous deux, terrorisés par ce qu'ils ressentaient, essayaient tant bien que mal d'éviter le dialogue. « T'as dû avoir quelque chose d'important à faire, aussi, l'autre jour... t'en as oublié de me dire au revoir. » si beaucoup auraient prononcé cette phrase avec une pointe de rancœur, Jay lui avait tourné la tête vers Stella, lui offrant un sourire pointé de mélancolie. Il avait plus été triste qu'en colère de voir qu'elle partait, et n'avait cessé de se demander comment il aurait dû réagir. Le problème, c'est qu'il savait très bien que, par la suite, il avait fait quelque chose de mal... pendant ces quelques jours où il n'avait pas vu Stella, il était allé en boîte de nuit où il avait croisé Kayla, et une chose en entraînant une autre -ou en l'occurrence un verre en entraînant un autre- ils avaient fini par s'embrasser. Techniquement, Jay et Stella n'était pas vraiment ensemble, surtout après la manière dont ils s'étaient quittés, Hamilton était persuadé qu'à cet instant même ils se parlaient en tant qu'exs... néanmoins il regrettait, et n'oserait pas le dire à Stella, parce que pour lui ce baiser ne signifiait rien, et qu'en agissant si faiblement il avait quelque part renoncé à se battre pour miss Madisson, alors qu'il n'avait d'yeux que pour elle... C'était vraiment très étrange, si elle prétextait avoir été occupée, alors cela induisait qu'ils étaient encore ensemble, là, maintenant, tout de suite... Vous vous rendez compte? Il en arrivait à ne pas savoir s'il était en couple ou non, c'était un comble. Elle lui faisait tourner la tête, au même titre qu'elle ne faisait chavirer son cœur. Dans les films, généralement, à cette partie du script, l'un des personnages, l'homme généralement, s'osait à cette réplique aux miles risques: "On en est où toi et moi?". Jay se dit qu'il était donc de son devoir de la poser, néanmoins il n'osait pas, il avait peur de la réponse, il avait peur qu'elle ne parte à nouveau, ou bien qu'elle lui annonce qu'ils étaient amis; oui parce qu'après cette réplique les femmes tortionnaires se plaisaient généralement à répondre qu'il valait mieux que leurs relations ne restent "purement amicales". Et Jason aimait Stella bien plus qu'il n'aurait aimé une simple connaissance, ou même une amie. C'est pourquoi il préféra laisser sa phrase en suspens, estimant qu'une demande d'explications était assez bien induite par la manière dont elle avait été formulée...

Stella fut heureuse d’apprendre que Jason allait bien. Même si il n’allait pas lui dire le contraire. Lorsque certaines personnes ne vont pas bien, elle se contente de répondre un simple « oui » à la question qui fâche, qui pour aujourd’hui était le « ça va » traditionnel. En revanche, elle s’en voulait de lui avoir menti sur le fait qu’elle avait été occupée ces derniers temps, car même Jason l’avait forcément deviné, ça n’avait pas été le cas. Miss M. ne sentait simplement pas le cœur à ne serait que composer le numéro de son amoureux. Si il l’était encore. Et se demander si oui ou non il l’était encore avait été l’une des principales questions que c’était posées la jeune femme. Mais elle avait tellement peur de la réponse qu’à chaque tentative de réponse, elle faisait marche arrière. Elle avait donc préféré laisser faire le temps, en espérant que ça arrange les choses entre elle et celui qu’elle considérait toujours comme son petit ami. Elle ne savait d’ailleurs pas plus quoi dire alors qu’elle se trouvait en face de celui qu’elle avait évité tout ce temps. Elle s’était pourtant repasser cette scène des millions de fois dans sa tête, sans jamais trouver une réponse convenable. Elle lui aurait bien dit qu’elle l’aimait, tout comme il lui avait avoué ses sentiments la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Mais rien n’arrivait à franchir la barrière que formaient ses lèvres. Elle attendait donc lâchement que le jeune homme ajoute quelque chose. Ce qu’il fit sans trop attendre. Mais ses paroles firent mal à la jeune femme, malgré le ton que Jason avait employé. Il n’y avait mis aucune rancœur, aucun ressentiment… Stella pouvait juste y déceler du regret et une pointe de mélancolie. Il lui offrait même un magnifique sourire. Sourire auquel elle eut énormément de mal à ne pas succomber. Stella se sentait coupable. Elle se sentait coupable de la façon dont elle avait fui ce jour là, ce sentiment de culpabilité la rongeait au plus profond d’elle-même mais elle avait aussi tellement peur de s’avouer la vérité, qu’elle préférait la culpabilité à la vérité. C’est idiot d’en arriver là mais Stella a toujours préféré garder ses sentiments pour elle plutôt que tout dévoiler au grand jour d’un seul coup. Alors pour répondre au jeune homme, elle dit simplement : « C’est idiot mais… Mais je me suis rappelée que je n’avais pas terminé un devoir de chimie. » C’était de loin le plus vilain et le plus idiot des mensonges qu’elle n’ait jamais dit. Et dès qu’elle eut terminé sa phrase, elle s’en voulut encore plus de l’avoir prononcée. Elle ne pouvait pas continuer comme ça mais il allait lui falloir une tonne de courage pour réussir à dire qu’elle s’en voulait à Jason. Mais elle n’avait pas le choix, elle lui devait la vérité… « Ecoute… C’est idiot mais cette histoire de devoir non terminé, ce n’est pas vrai… » Jason devait s’en douter, c’est pourquoi elle ajouta : « Ce jour là, j’ai… J’ai complètement paniqué… Tu as dit quelque chose… Quelque chose que je ne croyais pas arriver de si tôt ou même jamais… Ca aussi c’est idiot… » Elle n’arrivait toujours pas à mettre des mots sur ce qu’elle ressentait et encore moins sur ce que Jason lui avait avoué. Mais elle croisait tout de même les doigts très fort pour que Jason ne revienne pas sur ce qu’il lui avait dit… Elle appréhendait d’ailleurs énormément la réponse du jeune homme…

Leur conversation était des plus étranges. Ils semblaient tous les deux nerveux, et alors que Stella enchaînait mensonge sur mensonge, Jason lui faisait savoir qu'il n'en croyait pas un traitre mot. D'ailleurs, il suggéra que la raison pour laquelle elle avait été occupée devait être vraiment très importante, ce à quoi il obtint une réponse dont l'étendue du mensonge le surprit au plus haut point. Un devoir de chimie... Il haussa les épaules en riant légèrement. Stella devait bien voir qu'il n'y croyait pas, et c'est pourquoi elle s'empressa de reprendre. « Ecoute… C’est idiot mais cette histoire de devoir non terminé, ce n’est pas vrai… » C'était déjà bien de le reconnaître. Jason tourna la tête vers elle, l'air presque amusé. Prenant un air exagérément surpris, quasi choqué, il reprit. « Ah bon?... » Il replanta par la suite son regard sur le sol, se contentant de le regarder fixement. Pourquoi inventait-elle tous ces mensonges? Pourquoi était-elle partie, finalement? « Ce jour là, j’ai… J’ai complètement paniqué… Tu as dit quelque chose… Quelque chose que je ne croyais pas arriver de si tôt ou même jamais… Ca aussi c’est idiot… » La réponse que Jason attendait arrivait soudainement. On aurait dit que tous les deux avaient une sorte de blocage quant aux trois mots fatidiques, et vu les ennuis que cela causait, Jay commençait à regretter de les avoir prononcés. Il aurait simplement dû se taire, comme ils le faisaient tout le temps depuis le début de leur relation. Pourquoi avait-il eu besoin de le lui avouer ce jour-là? « Écoute je... j'aurais pas dû te dire ça, ok? Je suis désolé. » Fit-il l'air gêné. Il n'aurait jamais pensé s'excuser d'avoir dit qu'il l'aimait, d'ailleurs il avait plutôt déjà dû s'excuser de ne pas le dire, auprès d'autres filles. Enfin le fait est qu'il s'en voulait, il n'avait pas vraiment envie de se compliquer la vie, savoir s'il avait bien fait ou non de le lui dire, mais si Stella n'avait pas été prête à l'entendre, il ne le lui dirait pas. « J'ai un peu de mal à concevoir ta peur de l'amour » il rit tendrement. « Mais on est ... plus ou moins ensemble, disons, et de ce fait je me dois de l'accepter, et je te soutiendrai dans ce que tu ressens par rapport à l'engagement, c'est mon rôle. J'aurais pas dû te dire ça si tu n'étais pas prête à l'entendre, et ça ne se reproduira plus si tu ne le souhaites pas. » Il leva alors les yeux vers elle, et reprit alors. « J'ai pas envie qu'on invente des mensonges pour s'éviter. J'ai pas envie de t'éviter, j'ai pas envie que notre histoire se finisse. Je veux juste que tu saches que tu peux me faire confiance. Je te ferai jamais de mal. » Il ne comprenait pas pourquoi elle avait paniqué, et de ce fait il supposait tout ce qu'il pouvait: en l'occurrence il se disait que peut-être elle avait peur qu'il ne le pense pas, peut-être avait-elle peur de ne s'attacher à lui à partir du moment où il prétendait s'attacher à elle, la faisant ainsi souffrir au final? Quoi qu'il en soit il s'adapterait à elle, et si elle n'envisageait pas la gestion de leur relation comme le faisait Jason, alors il en serait ainsi. Jason soupira nerveusement, silencieusement. C'était bien trop compliqué, il essayait de se mettre à la place de sa petite amie, mais il n'avait pas vécu ce qu'elle avait vécu, il ne pouvait pas comprendre, d'autant que ce n'était pas vraiment le genre de sujet sur lequel leurs conversations s'attardaient.

Il était compliqué, pour quelqu’un d’extérieur, de pouvoir ne serait-ce que concevoir le pourquoi Stella réagissait de la sorte. Il est certain que toute personne vivant dans ce monde, ait déjà eu à surmonter des faits plus ou moins douloureux ou sur le moment jugés comme étant insurmontables. Et ce qu’a vécu Stella Madisson a justement été très douloureux et insurmontable. Encore aujourd’hui elle en ressent les effets, et les conséquences en sont terribles… Alors que d’autres on très bien pu surmonter la chose, miss M. continue de vivre dans le passé en analysant tout ce qui lui arrive dans le présent. Et si il lui arrive d’exagérer quelques fois, c’est justement en rapport avec ce passé douloureux… Elle sait parfaitement qu’elle ne devrait pas réagir de la sorte avec Jason. Il lui a prouvé plus d’une fois qu’il tenait à elle et qu’il ne lui ferait jamais de mal, mais ce sont deux choses auxquelles la jeune femme n’arrive toujours pas à croire. Elle ne peut même pas lui avouer de peur de le perdre pour de bon. Et la situation dans laquelle ils se trouvaient tous les deux, devenait de plus en plus étrange. Ce qui était étrange, c’est que Stella inventait mensonge sur mensonge pour pouvoir échapper à la vérité. Jason en avait pleinement conscience mais malgré ça, Stella continuait de mentir. Jusqu’au moment où elle se rendit réellement compte que son « petit ami » ne la croyait vraiment pas. Elle se sentit obligée d’avoue la vérité, mais toujours en n’arrivant pas à mettre des mots précis sur ce qu’elle ressentait. Et elle s’en voulut encore plus lorsque Jason s’excusa de lui avoir dit qu’il l’aimait. La jeune blonde se retrouva confrontée à ce dont elle redoutait le plus. Elle n’y connaissait pas grand-chose côté sentimental, ou plus précisément côté relation amoureuse. Car la seule qu’elle n’ait jamais eu se trouvait être celle qu’elle vivait actuellement. Elle s’était toujours promis que lorsqu’elle franchirait le pas du « petit ami », elle prendrait exemple sur ses parents, mais ça c’était avéré plus compliqué que prévu… Alors lorsque Jason s’excusa, Stella dut retenir les larmes qui menaçaient de se montrer au grand jour. Elle ne sut quoi répondre, ce qui ne fut pas d’une importance capitale du fait que Jason enchaîna sur le comment pourrait être leur relation… Il lui avoua ne pas comprendre le pourquoi elle avait si peur d’aimer. Elle aurait bien voulu lui expliquer mais une boule s’était formée là où il ne fallait pas, si bien que ça l’empêchait de parler. Elle attendit donc qu’il ait terminé pour tenter de parler sans pleurer. Ce qui s’avéra être une entreprise douloureuse et difficile. Malgré tout, Stella réussit à dire : « Tu ne peux pas me promettre une chose pareille ! » Elle pensait bien sur à son père décédé en disant cela. « Le jour où on s’y attendra le moins, une catastrophe s’abattra sur nous et ta promesse s’avérera être un mensonge… » Elle se rendit compte à ce moment là à quel point le départ de son père la traumatisait. Elle n’était pas capable de perdre quelqu’un d’autre et ça rejaillissait sur Jason. Stella lui dut donc quelques explications. Explications qu’elle eut grand mal à fournir… « Mon père… Il est parti alors qu’il m’avait promis de toujours être là pour moi… Un jour, la mort l’a emporté et sa promesse avec, alors ne dit pas des choses comme ça, s’il te plait… » C’était la première fois depuis des années qu’elle prononçait le mot « mort ». Elle n’en revenait pas elle-même, et elle se rendit compte à quel point ses propos pouvaient être effrayants. Elle n’avait nullement l’intention de faire fuir Jason, bien au contraire… Alors elle ajouta en un murmure : « Désolée… C’est juste que… Désolée… » Elle ne réussit pas à dire autre chose. C’était bien peu et elle avait bien peur que Jason ne fuit face à elle…

Jason ne savait pas vraiment comment réagir. Il aurait aimé comprendre Stella, l'aider, seulement elle était fermée, n'arrivait pas à lui expliquer ce qu'elle ressentait... et lui n'arrivait pas à le comprendre. Il s'en voulait de ne pas réussir à percer ce mystère qui enveloppait leur relation, il s'en voulait de ne pas percevoir ce qui la chagrinait à ce point dans le fait qu'il l'aime, et aurait voulu pouvoir savoir de quoi il s'agissait. Il savait que son père était mort, oui, mais il ignorait que son traumatisme venait de là, ignorait qu'elle n'en avait pas totalement fait le deuil ou même que cela avait des répercutions sur ce qu'ils vivaient tous les deux. Alors quand elle avait fuit, il avait simplement pensé qu'elle voulait rompre avec lui, et le fait qu'elle enchaînait maintenant mensonge sur mensonge ne faisait que confirmer cette théorie. Qu'avait-il fait de mal? Il n'en savait rien, néanmoins si elle avait voulu le quitter il l'aurait accepter, difficilement de par ses sentiments, mais il aurait compris que la phase transitoire qu'était leur relation pour la jeune femme doive, selon elle, toucher à sa fin. Phase transitoire, parce que Stella n'avait jamais vraiment eu de relation durable -ou du moins de plus d'une semaine, sans parler d'engagement à long terme- avant celle qu'elle avait avec Jay. Ainsi, le jeune homme se devait de ne pas la brusquer, et au début de leur relation, il s'était fait à l'idée qu'il serait peut-être simplement un petit-ami de passage, le temps qu'elle s'adapte au fait d'être en couple, de sorte qu'elle puisse être prête à vraiment expérimenter cette drôle de connexion entre deux êtres qu'était l'amour, même si ce devait être avec quelqu'un d'autre. Au début, cela ne lui avait pas vraiment posé de problème, il s'était dit qu'il pourrait être utile à une jeune femme très sympathique, qui par la suite deviendrait son amie... mais maintenant qu'il était amoureux d'elle, il n'avait pu s'empêcher de le lui dire, comme il pensait qu'on le faisait, d'usage, dans un couple. C'était peut-être la première fois qu'il le pensait en le disant, et c'était également la première fois que la fille à qui il le disait n'était pas prête à l'entendre... Drôle de situation. De ce fait, quand Stella était partie sans donner d'explications, il s'était dit qu'elle était arrivée, la fin de leur couple. Seulement, au début de leur relation, il n'aurait jamais pensé en souffrir autant, lorsqu'elle toucherait à sa fin. C'est pourquoi il avait tenté de comprendre, avant de n'accepter définitivement cette rupture silencieuse. Après tout, voulait-elle vraiment rompre, ou était-il simplement allé trop vite? Il était complètement dérouté, d'autant qu'après six mois de couple officieux, un "je t'aime" ne lui semblait pas, du haut du peu de choses traumatisantes qu'il avait vécu, quelque chose de faramineux. Pourtant ça l'était pour la blondinette, et il avait bien compris maintenant qu'il devait découvrir pourquoi, s'il voulait que leur couple ait une chance de survivre à cette nouvelle apocalypse.
L'ayant retrouvée près du port, il tenta de comprendre, donc, sa réaction. Mais les mensonges, toujours les mensonges. Elle se protégeait derrière des inventions plus grosses qu'elle -ce n'était pas dur vu sa corpulence cela dit- et Jason voyait bien qu'elle ne disait pas la vérité. Et elle voyait bien qu'il le voyait. Alors pourquoi s'acharnait-elle à les énoncer? Crevant l'abcès, le jeune chanteur lui demanda comment il devait réagir, et surtout s'excusa de lui avoir dit ça, répétant qu'il lui faisait la promesse de toujours être là pour elle. Là, il vit les yeux de sa petite amie s'humidifier, comme si elle tentait difficilement de retenir ses larmes. Finalement, elle prit la parole pour lui dire qu'il ne pouvait pas lui promettre ça, parce que le jour où ils s'y attendraient le moins, une catastrophe leur tomberait dessus et sa promesse s’avérerait être un mensonge. Arquant un sourcil, Jason dans sa clairvoyance naturelle, pensa d'abord que Stella était superstitieuse, ou quelque chose comme ça, puis elle expliqua que son père était parti alors qu'il avait fait la promesse de toujours être là pour elle. C'était donc ça... la mort de son père. Elle ne voulait plus s'attacher parce qu'elle avait peur de ce qu'elle pouvait perdre. Elle ne voulait pas aimer parce qu'elle avait peur de la fin de cet amour. Et lorsqu'elle énonçait tous ces mensonges rocambolesques emplis de futilités, ce n'était pas tant à Jason qu'elle mentait, mais plutôt à elle-même. Elle se persuadait qu'elle parvenait au mieux à gérer ce qu'elle ressentait pour éviter de ne devoir se confronter à une trop dure réalité, qui de par son existence seule la conduirait inéluctablement à une souffrance insurmontable. Comment pouvait-il l'aider? Comment pouvait-il trouver les mots pour tenter de guérir une souffrance morale qui la hantait depuis la disparition de son père, alors même que le temps qui s'était écoulé depuis n'avait pas su refermer ses blessures? Malhabilement, il baissa et releva le regard à plusieurs reprises, semblant chercher les mots. « Stella tu... t'es pas victime d'une malédiction, ou quelque chose comme ça, il n'est pas dit que quoi que ce soit m'arrivera dans les 90 prochaines années! » De nos jours, vivre jusqu'à 110 ans n'était pas quelque chose d'impensable... Peu importait, ce n'était pas là qu'il voulait en venir. « Écoute je comprends que tu aies peur. Parce que oui, t'as raison, si on aime on risque de souffrir. Si on commence à s'attacher à quoi que ce soit, à qui que ce soit, on prend le risque d'en être blessé à tout jamais. Mais c'est le plus beau risque que tu puisses prendre. Si tu ne t'attaches pas, que tu refuses de t'impliquer dans ta propre vie, effectivement, tu ne risqueras pas de ressortir blessée de quelque combat moral que ce soit, même si la terre entière venait à disparaître. Seulement voilà, vivre, c'est accepter ses sentiments. Vivre, c'est aussi prendre ce putain de risque de tout perdre à chaque instant. Pourtant c'est de par tes sentiments que tu existes, tu ne peux pas les nier, tu ne peux pas passer ta vie à les étouffer pour espérer un air plus pur. C'est toi que tu tueras, si tu tente de tuer ces soupçons de ressentis qui grandissent en toi. C'est eux qui te maintiennent en vie, c'est l'espoir, l'amour, tes amis qui te permettront de surmonter n'importe lequel des obstacle. Aucune montagne n'est hors de portée si tu décides de l'atteindre, or tu ne peux pas l'atteindre sans t'impliquer dans ce que tu ressens... » S'il vous a perdu au détour de son discours, rassurez-vous en vous disant que lui même ne savait même plus où il voulait en venir. S'approchant d'elle, il lui prit tendrement la main, la regardant d'un air triste. Il était triste, oui, triste parce qu'il avait peur de ne pas réussir à la convaincre de vivre sa vie à 100%. Il n'était même plus question de leur couple, il n'essayait plus de la garder prêt de lui mais seulement de faire en sorte qu'elle soit heureuse. Or elle ne pourrait pas l'être aussi longtemps qu'elle refuserait d'admettre -au moins de se l'avouer à elle-même- ce qu'elle ressentait. « Accepte-le, accepte tout ce que tu ressens... Prends-le, ce risque, fais-moi confiance... Je te promets que depuis la nuit des temps, il est et demeure le chemin le plus court et le plus fiable pour atteindre le bonheur... » Il posa alors son front sur celui de Stella, posant une main sur sa joue lentement. « Je veux juste que tu sois heureuse... »

Spoiler:

Il est vrai et difficile à comprendre pour certaines personnes, que Stella a toujours eu un mode de vie différent d'autrui. Pas différent dans le sens matériel de la chose, mais plutôt par rapport au sens sentimental. La jeune femme, en vingt-deux ans d'existence, n'a jamais bien pris le temps d'aimer, se forçant à vivre sa vie comme si rien n'avait d'importance hormis ses études. Bon d'accord, lorsque l'on parle de vingt-deux ans d'existence c'est exagéré puisque tout a commencé lorsque miss M. a perdu son père, alors qu'elle n'avait que dix ans. Cela fait donc douze ans que cette porte de son cœur s'est refermée. A partir de cet instant là, Stella n'a plus voulu aimer, elle n'a plus voulu s'attacher aux gens comme elle l'avait fait avec son père. Elle n'en a pas été plus heureuse, comme elle se forçait à le croire, mais au moins, elle n'a plus jamais souffert comme pour la mort de son père. Elle ne pensait pas qu'un jour, elle rencontrerait Jason, celui qu'elle allait aimer si passionnément, que tout ce dont en quoi elle s'efforçait de croire allait perdre tout sens à ses yeux. Depuis ses dix ans, alors qu'elle n'était encore qu'une petite fille, Stella s'est imposé la chose que beaucoup de personnes sont capables de faire : elle s'est forgé une carapace, elle a construit volontairement une barrière autour de son cœur pour ne plus avoir à subir la tristesse, l'immense vide qu'elle a ressenti lorsque son père est parti. Elle n'a plus jamais voulu aimer, ou tout du moins plus au point d'en pleurer au final. Sa vision des choses lorsque l'amour est en jeu, échappe à pas mal de personnes. Tout ce que cherche la jeune femme en ne s'investissant pas dans une quelconque relation, c'est de rester elle-même, une jeune femme qui ne sait ou plus aimer. Bien-sur, elle aime sa mère et toute sa famille mais c'est inconcevable pour elle de trouver l'amour. Ça l'était jusqu'au jour où Jason a tout chamboulé en elle... Sans le vouloir et en disant oui à la relation qu'elle entretient aujourd'hui avec le jeune homme, Stella a ré-ouvert cette porte qu'elle a eu tant de difficultés à fermer lors du départ de son père. Et Jason ne comprenait pas pourquoi elle préférait mentir plutôt que de finalement lui dire enfin la vérité, même si pour Stella, mentir était une chose aussi affreuse que d'aimer. La jeune femme comprenait aisément que le jeune blond ne saisisse pas pourquoi elle réagissait comme elle le faisait. Quasiment personne ne le pouvait. Malgré tout, elle a tout de même réussi à parler de son père, non sans tristesse apparente, mais elle a réussi. Et ce qu'elle dit avait toutes les raisons du monde de blesser Jason, ce qui ne fut apparemment pas le cas du fait que les paroles du jeune homme ne se voulaient pas du tout offensantes. Mais malgré les efforts que faisait Jason pour ne pas blesser celle qu'il aimait, la jeune femme avait du mal à ne pas pleurer. Elle savait qu'il avait raison mais elle n'était pas encore prête à se l'avouer. Au plus profond d'elle-même, elle avait envie d'y croire, elle avait très envie de croire à toutes les bonnes et merveilleuses paroles de Jason mais elle plus inconsciemment maintenant, elle s'en empêchait. Elle s'était promis qu'elle ne souffrirait plus et elle était en train de faillir à sa promesse. Le simple fait qu'elle ait fui le jour où Jason lui a avoué qu'il l'aimait, montre bien que la barrière autour du cœur de la jeune femme n'est plus aussi résistante qu'auparavant. Ça aurait pourtant dû être le contraire, la barrière en question aurait dû se solidifier avec le temps, ou alors, Jason avait ce pouvoir là sur Stella. Il pouvait transpercer son cœur de la manière dont la jeune femme ne voulait surtout pas qu'il le fasse.
Lorsque Jason prit la main de la jeune femme, elle eut un réflexe défensif. Mais elle se reprit du mieux qu'elle le pouvait pour ne pas s'éloigner une fois de plus du jeune homme. Elle voulait essayer de croire à tout ce qu'il venait de dire mais pour ça, il fallait qu'elle travaille énormément sur elle-même. Il fallait qu'elle arrive à dépasser sa peur de l'amour, sa peur de souffrir. Les derniers mots de Jason résonnaient dans l'esprit de miss M : « accepte-le, accepte tout ce que tu ressens... » Mais surtout son « fais-moi confiance... » C'est ce dont Stella avait le plus peur : faire confiance à qui que ce soit. Même si son « je veux juste que tu sois heureuse » rassurait quelque peu la jeune femme, ce n'était pas assez pour que la confiance et elle deviennent inséparables. Alors elle ne put s'empêcher de dire, dépassant sa timidité et tout en serrant la main de Jason : « Tu veux bien faire ce bout de chemin avec moi ? » Elle n'arrivait toujours pas à énoncer l'essentiel, il allait pourtant bien falloir qu'elle le fasse si elle ne voulait pas perdre celui à qui elle tenait si fort... Stella prit son courage à deux mains pour ajouter, quoiqu'il lui en coûte : « Je... Je tiens beaucoup à toi et je ne veux pas que tu crois que ce n'est pas le cas... Mais est-ce que je peux avoir confiance en toi ? » La question en elle-même pouvait paraître stupide, mais Stella avait vraiment besoin d'être rassurée et tout cela était nouveau pour elle. Les seules personnes en qui elle n'a jamais eu confiance sont son père et sa mère. Elle se sentit même obligée d'ajouter: « Ce que tu viens de dire sur la malédiction... Pour moi, aimer, c'est une malédiction... Je sais que c'est difficile à comprendre mais durant toutes ces années, c'était une mauvaise chose, un mauvais sentiment... Un sentiment que je ne devais pas ressentir... Alors oui, pour moi c'est une malédiction et tu es arrivé et bien sur tout ce que tu as dit est vrai, sur tout ce qu'apporte l'amour, sur tout ce qu'on est capable de surmonter si on s'abandonne à aimer... Je n'avais jamais connu ça avant de te rencontrer et même en admettant que toutes tes paroles sont justes, j'ai énormément de mal à les mettre en pratique... » A demi-mots, Stella venait d'avouer son amour au jeune homme. Maintenant, qu'allait-il advenir de leur relation, eux seuls pouvaient le décider... Et pour le moment, tout se jouait sur la réaction de Jason...

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