DRIIIIIING, DRIIIIIIIING, DRIIIIIIIIIIIIIIING

« Putain de réveil » grognais-je en abattant violemment ma main sur l'engin de malheur. J'enfonçais ma tête entre mes coussins, priant pour que le sommeil revienne. Je savais que je devais me lever, je savais que j'étais OBLIGE de me lever mais je n'en avait franchement aucune envie. Je n'avais presque pas dormis de la nuit. Et pourtant j'en avais rêvé pendant des heures. Je m'étais couché tôt la veille, complètement sur les rotules. Je voulais juste fermer les yeux et oublier la douleur l'espace de quelques heures. Mais cette dernière m'avait gardé éveillé jusqu'à 6h00, heure à laquelle mes yeux étaient si injectés de sang que j'avais l'impression de me balader dans une piscine de grenadine géante. De désespoir j'étais arrivé à 45 253 moutons avant de sombrer dans le néant vers 7h30. Il était 11h00 et j'étais persuadé d'avoir dormis à peine 2 minutes. Mes paupières étaient si lourdes que j'allais être forcé de les décoller à la pince à épiler et de les faire tenir avec des cure dents. Pire qu'une cuite.

BOUM BOUM BOUM.

Je plaquais un oreiller sur ma tête afin de faire taire ce bruit assourdissant. Bordel, des gars du chantier était entrain de refaire le parquet ou quoi ?! Je mis quelque minutes à m'apercevoir que j'avais seulement un mal de crâne carabiné. Encore. Depuis l'accident il ne me foutait pas la paix une seule seconde. J'avais eut de la chance d'après le docteur. J'étais resté inconscient un moment après que le ciel me soit tombé sur la tête. Littéralement. Un morceau complet de toit c'était effondré alors que j'étais juste en dessous. Mauvais Karma. Cela m'apprendra à me foutre de la gueule de ma sœur adoptive qui refusait catégoriquement de passer en dessous d'une échelle dans la rue. Je secouais la tête de droit à gauche avant de me souvenir que c'était une mauvaise idée. Je grimaçais douloureusement, cherchant à tâton la boîte d'aspirine de ma main gauche, avant de choper la bouteille d'eau. Je me redressais dans mon lit avec difficulté, remettant machinalement en place le drap sur ma jambe plâtré. Je fis fondre le cachet dans un verre posé sur ma table de chevet avant de l'avaler en me pinçant le nez. J'avais horreur de ces trucs.

Je parvins difficilement jusqu’à ma salle de bain. Avec une jambe hors d'usage, des bras parsemés de plus ou moins grosses brûlures au 2ème degrés et des ouvertures un peu partout je ressemblais à un putain de soldat revenant du front. Il me manquait les peintures de guerres, l'uniforme et la mitraillette et j'étais prêt. Quoi que la mitraillette était déjà là, dans ma tête. Je me traînais dans ma douche avec mes béquilles, tachant de ne pas appuyer sur mes autres blessures. Je ne pouvais pas forcément l'évité à chaque fois, je serrais donc les dents, retenant mes gémissements de douleurs. Je me lavé tant bien que mal, faisant attention à ne pas mouiller mon plâtre puis je fus face à un dilemme. Comment j'étais censé m'habiller ? J'avais réussi à enfiler mon boxer par chance mais pour le reste je ne me sentais absolument pas capable de faire quoi que ce soit. Et pour le jean autant abandonné immédiatement. Avec un soupire lasse j’enfilais une veste de jogging puis me faufilais avec ma patte folle jusque dans la cuisine. J'avais besoin d'une tasse de café, de toute urgence.

Après avoir vidé une cafetière entière de café, je me rendis compte qu'il fallait vraiment que je m'alarme si je voulais aller en cours. Je n'étais pas en retard, pas vraiment, un peu ? Bon peut-être un peu. Principalement parce que j'étais dans l'incapacité de conduire et que je ne savais pas encore comment me rendre à l'université. La voiture n'était pas envisagé, avec ma jambe je n'avais pas la possibilité de l'utiliser, les transports en communs n'en parlons même pas, le vélo était entièrement bannis et la trottinette n’entrai même pas en ligne de compte. Je n'avais plus cas me trouver une âme charitable. Au bout de quelque minutes de réflexions je décidais de ne pas me prendre la tête et d'improviser au moment voulu. Je commencé plus tard que d'habitude aujourd'hui et mon projet de littérature pouvait attendre. Je me levais embarquant ma dernière tasse de café avec moi et me dirigeais clopi clopant vers ma fenêtre. Oui, en fait je n'avais pas rêvé, il y avait bien des travaux à côté de chez moi. Pourquoi les gars du chantier était obligé de faire chier leur monde un mardi matin alors que quelque personnes ( comme moi ) dormait encore ? Je soufflais, légèrement irrité avant de mettre en route ma chaîne hifi. Ma chanson du moment, Kavinsky – Nightcall se fit entendre et je fermais les yeux quelque minutes. Cette musique avait le don de m'envoyer au paradis. Mon mal de crâne ayant arrêté de me martyriser avec des centaines de casseroles je mis un peu plus de son afin de cacher le bruit des travaux. Putain, sa fait du bien quand sa s'arrête !

Je retournais dans la cuisine et fis ma petite vaisselle, chantonnant les paroles de la chanson sans gêne. Je n'étais pas vraiment très bon pour le chant mais personne n'était là pour m'entendre et de toute façon je vous emmerdes. Enfin, façon de parler :p Je laissais le tout sécher à l'air libre puis refit une cafetière de café. Je ne sais pas pourquoi je sentais que ça allait être un jour « sans ». Vous savez, cette impression que quelque chose merdique parviendra à vous plomber le moral jusqu'au moment du coucher. Du genre une mauvaise note, une interro surprise ou simplement un problème matériel qui surgit au moment où on en a vraiment pas besoin. J'étais déjà de très bonne humeur avec mes blessures suite à l'incendie, levons les bras en l'air. Sauf moi bien sur parce que si je lâchais ces putains de béquilles j'allais tomber sur le cul. Il fallait que je fasse le plein de caféine pour affronter cette journée. J'allais ouvrir la baie vitrée qui donné sur la plage afin de poser une de mes béquilles sur une chaise longue et de sautiller jusqu'au plan de travailler pour récupérer mon café et refit le chemin inverse de la même façon. J'avais l'impression d'être une sauterelle sur ressort. Je m'installais confortablement sur ma chaise longue puis fermais les yeux, me laissant porter par le bruit des vagues qui s'échouait sur le sable. Je donnerais n'importe quoi pour prendre ma planche de surf ou simplement pouvoir faire un footing matinale mais j'étais bloqué avec cette foutue jambe cassé.

J'entendis soudain quelqu'un m’appelai dans l'entrée et je me redressais violemment , me demandant qui avait pu entrer alors que la porte était fermé et la clé cachée. A ma connaissance personne n'avait de double et seulement quelques amis savait qu'il y en avait un en-dessous du paillasson. Je me penchais suffisamment de mon tranzas afin d'avoir une vue complète sur mon hall et je vis Krystal entrain de fermé la porte. Je me relaxais aussitôt. Les vieilles angoisses refont surface facilement, surtout quand on me prend par surprise. Je levais les yeux au ciel au surnom débile qu'elle m'avait affublé. Zozo. Mais un sourire amusé prit place sur mes lèvres. Elle en manque pas une ma Tatal.

- Je suis là Krystal ! Sur le balcon. criais-je afin de surpasser la musique, les travaux ayant apparemment prit fin. Évidemment, quand tout le monde est déjà levé.

Je balançais ma jambe par terre, la gardant évidemment droite, comme si j'étais susceptible de pouvoir la plier avec cette merde. Je n'étais même pas étonné de voir Tatal ici, elle passait régulièrement quand elle avait besoin de sucre ou de chocolat ou encore quand sa machine à café tombé en panne, elle savait qu'il y en avait toujours une cafetière de prête ici. Nous faisions aussi pas mal de soirées film/pizza ensemble. Étant donné qu'elle logeais à seulement deux maisons d'ici ce n'était pas bien compliqué de venir à pied. Ces visites surprises étaient toujours annonces de grand soleil et je me sentis immédiatement mieux, même si je ne portais qu'un stupide boxer et une veste.

Krystal se dirigea vers moi avec un petit sourire. Je ne pus l'empêcher de lui rendre. J'avais sans même le vouloir trouver la candidate parfaite pour me conduire à l'université. Je n'en revenais d'ailleurs pas de ne pas y avoir pensé plus tôt. Je savais qu'elle ne dirait pas non. J'avais la tête ailleurs, perdu dans la fumée et les flammes. J'y pensé encore, bien que je ne face pas de crise de panique ou de cauchemars à ce sujet. Je sais juste que j'avais une légère appréhension. Le lendemain de l'accident en m'allumant une cigarette j'avais eut un geste de recul en voyant la flamme sortir du briquet. Débile me direz vous mais je n'avais pas réfléchit sur le moment. Mon corps avait bougé de lui même sans mon autorisation. J'avais retenté l'expérience et maintenant je faisais comme si de rien était. Un contre coup sûrement. Bref.

Je me relevais lentement, me mettant en équilibre sur ma jambe valide et je posais le bout de mon pied momifié légèrement sur le sol, histoire de ne pas tanguer comme un ivrogne. J'étais heureux qu'elle soit là, heureux qu'elle brise ma monotonie de ces derniers jours. J'avais horreur d'être enfermé et depuis l'accident j'étais constamment cloîtré chez moi à m'emmerder comme un rat mort. J'en avait marre de regarder la télé à longueur de temps, les programmes étaient tous aussi nul les uns que les autres, entre deux j'allais en cours ce qui en soit n'était pas forcément la meilleure partie de ma journée. Heureusement je pouvais encore peindre et écrire, sans ça j'allais définitivement devenir fou.

-Je vais bien. Mise à part que je ressemble à Toutankhamon et que je suis incapable de faire un pas sans me casser la gueule, je vais bien. Et toi ?

Bien sur c'était de l'humour, je ne me plaignais pas vraiment. Un peu peut-être. Personne n'aimait dépendre de quelqu'un d'autre et c'est exactement ce que je ressentais. Je n'étais plus libre de mes mouvements, de mes déplacements. Quoi ? Je ne pouvais même pas aller chercher mes propres paquets de cigarettes tout seul. J'étais aussi incapable de m'habiller sans l'aide d'une autre personne, c'est pourquoi je me baladais en boxer depuis mon réveil. Détail que n'avait pas encore relevé Krystal. J'étais a peu près sur qu'elle allait m'en parler pendant 10 après après ça. Je m'approchais et la prit maladroitement dans mes bras, déposant un baiser sur sa joue douce. Je lui fis un grand sourire heureux avant de foutre en l'air sa coiffure. Vengeance par rapport à son « petit canard boiteux ». Naméo !

-Il n'y a qu'une seule raison pour que tu sois chez moi de si bonne heure : Ta réserve de café vient de rendre l'âme. J'ai eut un sixième sens, je viens seulement de lancer la cafetière, elle doit être finit maintenant.

Je me tournais vers mes béquilles, avisant si je devais y aller avec ou sans. J'avais plus de chance de me ridiculiser avec mais je n'allais pas faire un mètre avant de me traîner sur le sol comme un militaire si je ne les utilisés pas. Bordel de merde. Avec un soupir résigné je pris l'engin en main avant de me tourner vers Krystal.

- Hum, sa te dérangerait d'y aller pour moi ? Pas que je ne veux pas mais .. Je levais lentement la barre de fer avec une moue digne des plus grands films d'horreur. Fait comme chez toi. Les bols sont dans le placard comme toujours et la cafetière est sur le plan de travail.

Krystal me rendit mon étreinte avec son doux sourire habituel. Décidément, je ne savais pas comment cette fille pouvait être aussi joviale de si bonne heure avec un manque cruel de café. Elle était comme moi. Nous marchions exclusivement à la caféine. Même la douche ne parvenait pas à me réveiller. Il me fallait au moins 2 cafetière pleine pour commencer à émerger. J'avais un léger avantage : j'étais organisé. Ce qui clairement n'était pas le cas de Tatal. Depuis que j'avais quitté le campus de l'université je n'étais jamais tombé en panne. Jamais. J'avais toujours des dosettes en stock ou encore des grains à moudre. Krystal passé au moins 3 fois par semaine chez moi parce qu'elle avait oublié d'en racheter ou parce qu'elle avait oublié d'en racheter parce qu'elle pensait qu'elle l'avait déjà fait la veille. Son cerveau ressemblait à un Buns : Y'a un trou là mais y a rien là-dedans. Bien sur, il faut avoir vu la pub pour comprendre. Et utiliser l'accent canadien aussi. Un détail non négligeable. Je n'avais pas put m'empêcher de l'emmerder. C'était toujours comme ça entre nous. C'était plus fort que moi. La faire chier était comme une deuxième nature. Un pêcher mignon. Une habitude irremplaçable. C'était aussi très drôle. Le regard qu'elle me lança après mon fatidique « Décoiffage à la Lolo » me fit exploser de rire. Ce qui en passant était une putain de mauvaise idée étant donné que j'avais super mal aux côtes. Je suppose que le toit qui m'était tombé sur la tête avait également écrasé d'autre morceau de mon corps. Je n'avais rien sentit sur le coup mais aujourd'hui je dégustais.

Je levais les yeux au ciel à sa réplique avant de me laisser tomber doucement sur mon transat et d'allonger ma jambe blessé.

« Oui, je sais. On me le dit souvent. Oh arrête de me regarder avec tes yeux de biche énervé ! Tu fais une Cruella d'enfer très sexy si ça peut te rassurer ! »

Sur ce je lui fis un superbe sourire angélique afin de me faire pardonner. Hihi. La persuasion y a que ça de vrai. Elle remit ces cheveux rapidement en place en passant ces doigts dans ces boucles soyeuses. Je secouais la tête de droite à gauche, profondément blasé. Cette fille avait toujours les cheveux impeccable et tellement fin qu'il était impensable de la décoiffer plus de 10 secondes avant qu'ils reprennent leur place habituelle. La paranoïa féminine j'imagine. J'étais sur qu'avec un pantalon troué et une chemise bouffé par les mites, Tatal aurait encore la classe. Pas que je flash sur ma meilleure amie, elle était comme ma sœur, carrément flippant. Et je ne fais pas dans l'inceste. Mais je pouvais bien avouer qu'elle était canon. Quoi ? Je n'est pas dit qu'elle était plus belle que Kelsey. Ce qui n'est pas le cas bien entendu. Keke reste la plus belle femme du monde ( Mooh ! Regarde moi ce beau romantique. Il ne manque plus que la rose entre les dents et le banjo et Lolo se réincarne en Roméo ! )

« Ouais, mais sa fait toujours plaisir de l'entendre. Redis le moi. Juste histoire de regonfler mon ego surdimensionné» déclarais-je en souriant, légèrement moqueur.

Krystal resta immobile un moment, comme si elle réfléchissait à ma proposition d’allée chercher le café. Je restais figé moi aussi en fronçant les sourcils. Non ! Sérieux ?! Elle allait vraiment me laissé y aller ? Alors que je serais incapable de tenir la cafetière et les béquilles ? Une étrange lueur scintilla dans son regard et je n'eus aucun mal à la reconnaître pour l'avoir vu tant de fois dans le regard de mes voisins quand j'étais encore enfant. De la pitié ? Je croisais les bras sur mon torse en lui lançant un regard assassin. Bon, je n'étais pas réellement fâché. Je ne pouvais pas en vouloir à Krystal. Jamais.

« Je te signale que c'est TOI qui est en manque de café. Donc si tu ne va pas chercher TON café tu n'en aura pas. Je ne vais certainement pas risqué de me péter la gueule et de me casser l'autre jambe parce que Madame Tatal à la flemme de bouger son popotin pour y aller elle même ! »

Sur ce, je fis semblant de bouder. Naméo ! Pfiou, je lui jetais un coup d’œil et sentit mes résolutions flanchées. Sa moue était trop adorable pour ça. Je levais les yeux au ciel en balançant mes bras de chaque côté de mon corps. J'abandonnais.

« Oui, c'est une bonne idée. Je n'ai pas encore déjeuné. Hum.. Il y a des crêpes au frigo normalement, des céréales, du pain, de la confiture, du beurre, de l'omelette, des cookies, des donnuts ou des muffins. J'ai étais faire les courses hier avec Sarah ( Sa mère adoptive ). Tu sais comment elle est. Enfin. J'ai aussi acheté un pot de Nutella. Mais un POT DE NUTELLA ! LE POT !!! Il doit au moins faire 10 kilos ! J'ai pensé à toi en le prenant. » 

J'étais complètement accroc au Nutella. Ouaip. Peut-être enfantin mais cette pâte à tartiner était trop bonne. Un vrai régale. Même si mon prof de phylo au lycée nous répété sans cesse qu'il n'y avait rien de tel que des galettes de riz bio et de la confiture maison pour avoir une santé de fer. Le nutella pour lui était une sorte de mayonnaise. Il n'avait peut-être pas tord. J'en sais rien. Je ne m'éclate pas à lire les étiquettes de fabrication. Mais dans tous les cas c'était fichtrement bon !